Agir contre la pénurie de médecins
Depuis plusieurs mois, sur leur territoire, plusieurs acteurs ont avancé des solutions concrètes afin de répondre à la problématique de la démographie médicale ; Et ainsi tenter de garantir le droit à la santé de leurs habitants. Les Centres de Santé avec médecins salariés récemment créés à Saint-Quay-Portrieux, Lamballe, Guingamp et Le Mené en sont des exemples.
Ce mercredi, élus, directeurs d’hôpitaux et services administratifs étaient réunis à l’Hôtel de Ville. L’occasion d’échanger sur les expériences respectives de chacun, d’initier une collaboration à l’échelle départementale et d’envisager les perspectives de développement.
Tous se sont accordés sur un constat inquiétant, voire alarmant sur certaines zones. Didier Morin, maire de Goudelin, confronté à une absence totale de médecins sur sa commune et ses environs, était présent pour chercher des solutions. Claudine Guillou, 1ère vice-présidente de Guingamp Paimpol Agglomération tire aussi la sonnette d’alarme : « Dans les 5 ans à venir, nous allons passer de 55 à 25 médecins sur notre périmètre. Il faut agir dès à présent« .

Thierry Simelière, maire de Saint-Quay-Portrieux et référent santé à l’AMF 22 (www.amf22.asso.fr) , abonde : « La santé publique est une compétence qui relève de l’État. Mais, soyons lucides, peu de choses seront faites. Alors c’est à nous, élus et professionnels de santé de prendre les choses en main. Directement au contact des réalités du terrain. Car si on temporise en attendant une recette miracle qui viendrait « d’en haut »… On est perdu« .
Plan d’actions
Au cours de cette rencontre, tous les acteurs présents se sont donc entendus sur des premières mesures. Un plan d’actions destiné à organiser et fédérer les différentes initiatives.
En premier lieu, une charte de coopération sera définie. L’objectif ? Définir des principes fondamentaux qui s’appliqueront à tous (contrats des médecins, salaires, aides à l’installation…), afin d’éviter l’instauration d’une concurrence contre-productive.
Une carte précise de la démographique médicale, établie quasiment en « temps réel », sera également élaborée. Un outil qui permettra d’identifier les zones à risques et de prioriser les interventions. « La carte de l’Agence régionale de santé, publiée il y a un an, est déjà obsolète. Et les situations évoluent vite et il faut trop de temps pour l’éditer. Soyons plus réactifs pour mieux agir« , souligne Thierry Simelière.
L’idée de recourir aux médecins retraités pour des remplacements et des vacations ponctuelles a aussi été mise sur la table. Un fichier sera établi et les professionnels concernés seront sondés. Pour inciter les jeunes médecins à s’installer, les universités bretonnes seront sollicitées et les Centres de santé pourront proposer des stages à ces étudiants très courtisés.

Le Département entre dans la boucle
Plus largement, il s’agira d’attirer dans le département des médecins désireux de changer de cadre de vie. Les équipes de Côtes-d’Armor Destination (www.cad22.com) vont s’atteler à cette tâche. CAD 22 est un organisme d’attractivité et de développement touristique qui relève du Conseil départemental.
Car, comme a pu le dire le président Alain Cadec lors de son discours de politique générale de lundi dernier, le Département a décidé de s’impliquer dans ce dossier. Représenté hier par les 3 vice-présidentes chargées des questions du handicap, de la famille et des personnes âgées (Mmes Guignard, Michel et Rumiano), la collectivité aidera les élus locaux à se mettre en réseau à plus grande échelle. Sylvie Guignard a posé tout de même une limite : « Nous consacrons plus de 300 millions d’euros annuels à notre politique sociale. Notre priorité est d’accompagner les plus fragiles, pas de salarier des médecins« .
Clairement, l’objectif du groupe de travail est d’inciter également les intercommunalités encore absentes de cette réflexion, comme Lannion ou Saint-Brieuc Armor Agglomération, à rejoindre le mouvement.
Hier, à Saint-Quay-Portrieux, la première pierre d’une démarche innovante en matière sanitaire a été posée. Des territoires ont décidé de travailler ensemble et d’assumer une mission de service public qui, théoriquement, ne relève pas de leur compétence.
La prochaine réunion du groupe de travail est programmée dans 3 mois à Guingamp.