Grand débat national – Réunion publique
Dans le cadre de la consultation nationale, 1 500 réunions publiques ont déjà eu lieu un peu partout sur le territoire français. 3 000 sont programmées dans les prochaines semaines. Hier soir, à l’initiative du maire Thierry Simelière, c’était au tour de Saint-Quay-Portrieux d’apporter sa contribution à ce processus démocratique d’un nouveau genre.
Durant près de 2h30, environ 70 personnes de tous âges, venues du Sud Goëlo et au-delà (Langueux, Perros-Guirec, Plouisy…), ont échangé librement sur des thématiques qui leur tiennent à cœur. Même si la réunion devait se concentrer en premier lieu sur la fiscalité et le service public, d’autres sujets se sont imposés.

D’emblée, les échanges tournent ainsi autour de la question environnementale. Les premiers intervenants ont exprimé leurs inquiétudes sur la gestion et la qualité de l’eau ou encore, en résonance avec l’actualité récente, l’impact du glyphosate sur la santé. « Les règlements européens qui ferment encore les yeux sur cette pollution sont le reflet de l’influence des lobbies, avance alors un quinqua déterminé. À quelques semaines des élections européennes, nous devons exiger une transparence totale de la part de ces futurs élus ».
« L’Europe, oui, mais que l’on applique les mêmes règles partout » complète une dame du public. Clairement, et dans la bouche de plusieurs personnes, l’Europe est vue comme responsable de nombre de maux.
Un État jugé trop déconnecté
Le débat revient alors sur l’impôt. « Mon activité professionnelle m’amène à voyager un peu partout dans le monde, relate un participant. Les différences sont impressionnantes. Je suis persuadé de l’importance des impôts, pour la santé, l’éducation… C’est juste que cet argent est mal utilisé. La France est la championne de l’inefficacité. Trop de complexité. L’État doit revoir totalement son organisation. À tous les échelons« .

« Se reconnecter avec la réalité du terrain », « Clarifier les compétences de chaque collectivité », « Agir enfin contre le mille-feuille institutionnel », « Veiller à l’égalité de service public de tous les territoires, notamment en milieu rural »… Le désir d’une action publique plus claire, plus juste et plus efficace pointe derrière les propos.
« M. le Député : de la justice sociale ! »
Éric Bothorel, député de la 5ème circonscription des Côtes-d’Armor (LREM), fait alors son entrée. Retenu à Rennes dans le cadre de la visite du Premier Ministre, il s’excuse pour son retard avant de préciser le sens de sa présence : « En tant qu’élu parlementaire et l’un des référents nationaux pour le Grand Débat, je suis d’abord là pour vous écouter. Ici comme ailleurs, mon objectif est de faire remonter du concret. Normalement, je ne suis pas là pour assurer le SAV de 18 mois de majorité présidentielle mais je ne me soustrairai à aucune question« .
Et, assez logiquement, il n’y échappe pas… Plusieurs interventions fustigent ainsi les décisions « venues d’en haut ». Une personne en appelle par exemple à un « nécessaire respect des Français de la part du Président de la République« , déplorant « le mépris que nous pouvons ressentir« . Un autre enchaîne : « Au niveau plus local, la Préfecture, c’est le mur ! Écoutez-nous !« .

Les citoyens présents semblent ainsi vouloir s’impliquer plus directement dans les décisions prises pour le pays. Un jeune homme en profite d’ailleurs pour questionner le député sur le RIC (Référendum d’initiative citoyenne). Le parlementaire s’interroge : « Sur le principe, je suis plutôt favorable. Après, est-ce dans la culture de française de s’appuyer sur ce type d’outil démocratique ? Il faut se méfier de l’instantanéité et prendre le temps avant de soumettre une proposition au vote. Quoiqu’il en soit, j’encourage tout le monde à s’investir. En politique, dans le monde associatif… Vous pouvez agir directement dès aujourd’hui« .
Fondement du mouvement des Gilets Jaunes, la défense du pouvoir d’achat est aussi évoquée. L’indexation du montant des retraites sur le coût de la vie est par exemple réclamée. « Après 40 ans de carrière, il est dramatique de devoir survivre avec quelques centaines d’euros par mois…« . « Et tout le monde doit pouvoir vivre dignement de son travail. Il y a trop de souffrance. Les gens ne peuvent pas être à cours de ressources au 15 du mois… De la justice sociale !« .
En guise de synthèse, des mesures concrètes proposées
Bernadette Machet adjointe au Maire chargée des finances à Binic-Étables-sur-Mer interpelle M. Bothorel : « Comment l’État peut-il voter chaque année un budget en déséquilibre ? Toutes les collectivités ont l’obligation légale d’équilibrer dépenses et recettes. Cela devrait en être de même au plus haut niveau« . Une intervention qui vaut proposition et qui recueille les suffrages de l’assistance.

Dans la dernière demi-heure, les mesures concrètes fusent dans tous les domaines. Le député prend note. « Lutter avec force contre l’évasion fiscale », « Clarifier l’étiquetage des produits pour favoriser l’achat réellement français », « Soutenir la filière de l’éco-emballage et abandonner progressivement le plastique », « Diminuer la TVA sur des produits sains et bios pour veiller au bon équilibre alimentaire », « Imposer aux entreprises des stages obligatoires pour favoriser la formation professionnelle des jeunes », « Le rapport annuel de la Cour des Comptes doit ouvrir à des sanctions », « Protéger le patrimoine industriel » (en référence à Alstom)…
L’ensemble des idées et des solutions exprimées lors du débat d’hier soir ont été relevées par les élus présents et viendront alimenter l’espace « contributions » de la plateforme numérique mise en place. Chacun peut d’ailleurs y déposer ses suggestions : cliquer ici
Ces dernières semaines, le Gouvernement a répété qu’à l’issue de cette consultation d’envergure, il s’engageait à prendre de nouvelles mesures, concernant notamment une implication plus directe des citoyens au débat démocratique, la transition écologique…
À suivre donc.