Le patrimoine quinocéen

Les origines du nom « Saint-Quay-Portrieux »

La paroisse de Saint-Quay-Portrieux est, semble-t-il, très ancienne, même si l’on ne sait rien de précis sur son origine. Ce dont on est certain, c’est qu’il existait une paroisse en ce lieu avant le XIème siècle, puisqu’elle fut donnée au monastère de Léhon, près de Dinan, par Juthaël, qui fut archevêque de Dol de 1039 à 1076, qui lui donna ce titre. Mais, à cette époque, elle n’était pas placée sous le patronage de Saint Quay, mais sous celui de Fili . C’est une certitude qui a été démontrée par les travaux de l’abbé Duine, ainsi que par les recherches de M. Merlet, archiviste départemental des Côtes du Nord.

Le nom de « Saint Fili » se retrouve ailleurs en Bretagne: Kerfily en Erven, à Tréfily, à St-Malo de Fily (actuellement Phily) sur une hauteur dominant la Vilaine entre Rennes et Redon, mais aussi à Lamphily, qui se trouve près d’une voie romaine entre Saint-Yvy et Concarneau. Peut être est-ce aussi à ce Saint que la paroisse de Brusvily et le lieu-dit « Lervily » près d’Audierne doivent leur nom. On retrouve aussi le nom de Saint-Fili au Pays de Galles et en Cornouaille anglaise.

Saint-Fili (ou Phili) était le petit-fils d’un certain Gildas. Or, dans la vie de Saint-Quay, on nous montre ce dernier en relation avec Gildas. Ce fait peut expliquer la raison pour laquelle on trouve toujours Saint-Fili associé à Saint-Quay. La paroisse a même porté le nom de Saint-Fili.

 

Après Saint-Fili naît Saint-Quay…

 

Connue sous le nom de Saint-Scophili sur Mer (desllper mare), il se trouve que la localité, en 1181, a changé de nom. Une bulle du 4 mars 1158 donnée par Adrien IV pour confirmer les possessions de Saint-Magloire de Paris enregistre en effet l’église bretonne de Saint-Scophili, mais, en 1181, dans un traité passé entre St-Magloire de Léhon et Saint-Magloire de Paris, nous trouvons à la place de l’église de Saint-Scophili l’église de Saint-Colédoc. Une charte du Cardinal Rolland, datant de 1181/1184 permet de constater que le territoire paroissial de Saint-Colédoc est le même que celui qui portait le titre de Saint-Scophili. Or, Coldoc ou Colodoc était le surnom de Saint-Ké ou Kenan … L’église et le cimetière qui l’entourait sont mentionnés dans cette charte (Anc. Ev. VI.136). Une charte de Jean, évèque élu de Dol, nous montre en 1197 la transition avec la dénomination actuelle de Saint-Quay, qui porte le titre de paroisse dans un document de 1278 (Anc. Ev. IV.378). Le nom de celle-ci s’écrit « Saint-Ké » au XIVème siècle (Longnon, Pouillé, p. 377/381), puis « Saint-Qué » en 1515 (Cartul de Redon, p. 551). La graphie actuelle de « Saint-Quay » n’apparait dans les actes d’état-civil qu’en 1656.

Quoi qu’il en soit, l’histoire de la paroisse de Saint-Quay est étroitement liée à celle du diocèse de Dol (de Bretagne), et cette histoire commune a duré plus de 10 siècles. Jusqu’au Concordat de 1801. En effet, c’était le Comte-Evèque de Dol qui exerçait sa juridiction spirituelle sur la paroisse de Saint-Quay, et ce depuis l’an 1000 au moins …

 

Des liens étroits avec Dol mais aussi Cancale

 

Gilles Déric, maître-es-arts de la faculté de Caen en 1749, chanoine et grand vicaire de Dol sous Monseigneur de Hercé, dont le secrétaire particulier était à l’époque un Quinocéen, l’abbé Laurent Auffray, originaire de Kertugal, prêtre du diocèse de Dol et frère de la fondatrice de la congrégation locale, publia en 1777 « L ‘histoire ecclésiastique de Bretagne ». Cet historien rapporte que la paroisse de St-Ké-du-Port fait partie des enclaves de l’évéché de Dol et qu’elle fut donnée par l’archevèque Juthaël, en 1040 exactement, au monastère de Saintt-Magloire de Léhon. II existe au musée de Condé-Chantilly des documents datés de 1158 qui confirment le fait. ..

 

Dès cette époque, au XIème siècle, l’église paroissiale de Saint-Ké, devenue ainsi prieuré-cure de l’évéché de Dol, fut fréquemment visitée par ses dignitaires ou leurs représentants, le temporel relevant, par ailleurs, du duc d’Avaugour. Les archives mentionnent les noms des dignitaires de Dol qui visitèrent Saint-Quay de 1532 jusqu’au 12 février 1741, vérifièrent les comptes de la Fabrique et établirent des rapports détaillés de l’administration locale au grand vicaire de Dol. Dans cette liste figurent des noms célèbres, à côté d’actes de privilèges, de donations, d’échanges de terre, de droits, revenus, bénéfices, etc … La paroisse possède même un acte manuscrit de l’évèque de Dol daté du « huitième jour de juin mil six cent nonante huit » (1698).

C’est ainsi que, le 22 juin 1706, ce fut l’évèque de Dol en personne qui vint donner le sacrement de confirmation aux petits Quinocéens. Cet évèque s’appelait Monseigneur Elie-François d’Argenson, et était le frère de Marc-René d’Argenson, Garde des Sceaux de Louis XIV.

 

Les relations avec Dol se faisaient le plus souvent par mer… Elles ont continué longtemps après la suppression de l’ancien évêché, et même jusqu’au début de ce siècle avec le pays de Cancale. On peut citer pour preuve l’histoire de la station de sauvetage de Saint-Quay-Portrieux, qui signalait les naufrages, en 1867 de la bisquine cancalaise « Azeline », en 1868, de la bisquine « Saint-François », en 1869 de la bisquine « Saint-Luc », etc.

Chaque semaine, Dol, Cancale et Saint-Quay-Portrieux échangeaient pêches, denrées et voyageurs occasionnels, et cela durant des siècles. Des Cancalais-Dolois firent même souche à Saint-Quay-Portrieux.


Ce souvenir méritait bien que l’on donnât à une rue le nom de… « rue de Dol » !


(texte de Frédéric ROYAERTS, Service Urbanisme, Juillet 1996).

 

 

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