Vigilance : la chenille processionnaire
Très présente dans les régions méridionales, la chenille processionnaire du pin devient de plus en plus encombrante au cœur des pinèdes bretonnes. Apparaissant habituellement entre février et mai, il est désormais fréquent de voir ces chenilles dès le début de l’hiver.
Un phénomène qui s’explique notamment par la hausse globale des températures.
Qui est-elle ?
Cette larve de papillon de nuit tient son nom de son mode de déplacement caractéristique, en file indienne. Certains ont déjà pu l’observer dans la nature : elles sont parfois des dizaines à se suivre.
Contrairement aux chenilles courantes, cette espèce est extrêmement velue.
Elle est aussi reconnaissable à sa couleur orangée entouré de gris sur toute la longueur de son corps.
Elle se nourrit de limbes de pin, d’où son milieu d’implantation, et ne dépasse pas les 4 cm.
Pourquoi s’en méfier ?
Les poils de la chenille peuvent provoquer une irritation, accompagnée de boutons, chez les personnes et les animaux (très souvent chez les chiens qui les reniflent de trop près ou qui tentent de les avaler).
Ces poils se détachent du corps de l’insecte en cas de danger notamment. Il ne faut donc surtout pas les toucher.
Un conseil qui peut être prodigué aux jardiniers (vigilance lors des premières tontes de printemps !) ou aux enfants très curieux par exemple…
Il est aussi déconseillé de les écraser au risque de ramener des poils urticants sous ses semelles.
En général, il faut être particulièrement attentif à partir du mois d’avril et jusqu’en juillet, l’époque où les chenilles sont les plus urticantes alors que l’on aime justement flâner à l’extérieur.
Patrick Bellebon, responsable du Centre technique municipal quinocéen : « Cela peut provoquer des allergies importantes chez certaines personnes. Les poils peuvent se ficher dans la peau ou dans les yeux, et peuvent aussi être inhalés.
Même s’il faut relativiser et dire que cette chenille n’a pas le caractère agressif du frelon asiatique par exemple, le danger pour la santé est tout de même une réalité ».
Côté végétal, une infestation massive par les chenilles processionnaires entraîne une perte de croissance et une fragilité des conifères qui les hébergent. On parle alors de « défoliation » de l’arbre.
Quelle est la situation dans la région ?
Karine Richard, technicienne au FGDON 22 (basé à Ploufragan) : « Le phénomène s’amplifie depuis 8 ou 9 ans dans les Côtes-d’Armor, principalement sur les zones côtières. Une frange littorale où les habitants ont pris l’habitude de planter des pins dans leurs jardins et où les températures sont plus clémentes« .
Malgré des risques sanitaires avérés, la lutte contre cette espèce n’est pas prise en charge par l’État.
À ce jour, il n’existe pas non plus de « Plan de lutte départemental » comme a pu l’élaborer la FGDON (Fédération des groupements de Bretagne de défense contre les organismes nuisibles) contre le frelon asiatique.

Par conséquent, les interventions restent à la charge des particuliers, pour leurs terrains privés, et des collectivités, sur le domaine public.
À titre d’exemple, l’équipe des espaces verts de Saint-Quay-Portrieux élimine une trentaine de nids chaque hiver (parc de la Duchesse Anne, abords du Moulin Saint-Michel…).
Certaines collectivités françaises, qui doivent faire face à une infestation, ont même recours à un traitement de bio-insecticides. Karine Richard : « Elles n’ont pas d’autres choix que de pulvériser des produits basés sur la bactérie du bacille de Thuringe (Bt).
Ce sont des opérations d’ampleur, complexes et qui se déroulent en septembre-octobre, alors que les cocons ne sont pas encore formés« .

Comment limiter sa propagation ?
Patrick Bellebon : « Il faut déjà avoir conscience qu’il n’existe pas de moyen définitif de s’en défaire. Le même arbre peut être touché d’une année sur l’autre. Un papillon mâle de cette espèce se déplace dans un rayon de 5km environ. Leur territoire potentiel de nuisance est donc très vaste ».
Il existe cependant quelques méthodes de lutte calquées sur le cycle (fluctuant…) de l’insecte.
Ainsi, des techniques de piégeage des papillons mâles, des traitements biologiques pour favoriser l’implantation de prédateurs (la mésange est ainsi une redoutable prédatrice pour ces chenilles) ou encore des écopièges peuvent être mis en place.
Pièges à phéromones, nichoirs et « colliers-pièges » sont ainsi de plus en plus répandus dans les rayons des jardineries (photos ci-dessous). Des tutoriels pour les fabriquer existent aussi sur internet.
L’échenillage, opération consistant à couper les branches où se trouvent les nids, est aussi une solution. Mais attention ! Patrick Bellebon insiste : « Nous conseillons vivement aux Quinocéens de ne pas s’en approcher. Il faut limiter au maximum les risques. Que cela soit en cette saison, avec les nids, ou plus tard au printemps quand nous les verrons cheminer sur les troncs : n’hésitez pas à consulter un professionnel agréé qui saura vous proposer la solution la plus adaptée« .

Vous pouvez donc contacter un spécialiste local (tapez « désinsectisation » dans les Pages Jaunes par exemple).
Les tarifs dépendent de la hauteur d’intervention notamment.
Mais parfois un simple diagnostic peut suffire et éviter bien des désagréments ultérieurs.

En savoir +
Feuilleter la brochure de la FREDON Bretagne
en cliquant sur l’image ci-dessous

Fiche sur le site de l’INRAE
(fusion de l’INRA et de l’Irstea) : ici
En vidéo :
(cliquer sur l’image)

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